Pourquoi le Plan de Cinq Jours ne fait-il pas appel aux substituts nicotiniques ?
À la suite de l'information que j'ai envoyée sur les différents Plans de 5 Jours organisés par la Ligue Vie et Santé autour de la Journée mondiale sans tabac, j'aimerais apporter quelques précisions et répondre à différentes questions et remarques qui ont été formulées en réaction.
Tout d'abord, si j'ai présenté cette stratégie d'aide à l'arrêt du tabac comme une "technique entièrement naturelle (pas de médicament)", cela ne veut pas dire que la Ligue Vie et santé et ses animateurs veulent "exclure les traitements par médicaments" (Jean-François ETTER) ou "rejeter les thérapeutiques des méthodes dont l'efficacité est démontrée au bénéfice des méthodes "naturelles" (Robert MOLIMARD). Cela signifie simplement que cette approche comportementale et éducatrice n'utilise pas, dans son cadre spécifique, les substituts ou autres médications comme le buproprion &emdash; tout à fait valables et recommandables par ailleurs et dans d'autres approches, comme le conseillent les différentes conférences de consensus). Cela dit, il aurait été difficile en France de le faire puisque la vente libre de ces substituts est très récente. Je partage donc tout à fait l'avis exprimé par Robert MOLIMART sur "l'attitude pragmatique" qui est de"faire bénéficier le patient de tous les moyens qui peuvent l'aider à arrêter de fumer, sans exclusive autre que celle que commande le principe "primum non nocere".../..."
Alors, me direz-vous, pourquoi ne pas conseiller aujourd'hui, dans le cadre du Plan de 5 Jours, les substituts nicotiniques, surtout au regard de la remarque pertinente de Jean-François ETTER sur les chances de succès à long terme qui en seraient (peut-être) améliorées et les symptômes de l'arrêt (peut-être) diminués ?
Je répondrai que :
- certaines personnes ne veulent pas prendre de médicament pour arrêter de fumer, même si on leur dit qu'il est de bien loin préférable pour leur santé de prendre des substituts que de fumer &emdash; ce qui évite tous les autres produits fortements nocifs de la fumée &emdash; (je rappelle au passage que la majorité des fumeurs arrêtent seuls) ;
- que les substituts sont valables essentiellement pour ceux qui sont dépendants à la nicotine (suivant le test de Fagesrtröm) ;
- que ce serait en contradiction avec la stratégie du Plan de 5 Jours dont le concept est de rendre le fumeur (en tout cas celui qui le souhaite et choisit de participer aux différentes réunions la première semaine ainsi qu'aux séances de suivi) totalement acteur de son arrêt avec les inconvénients qui en découlent (perte de l'objet, modification comportementale, symptômes de sevrage possibles pour un certain nombre, mais pas pour tous ! ). Les conseils sur l'alimentation, l'exercice physique et respiratoire, le fait d'être informé et de comprendre pourquoi certains ont tels ou tels symptômes, le fait de ne pas être seul dans son désir ... entraînent sans doute une diminution de ces problèmes et, en tout cas, une meilleure acceptation des moments plus difficiles. Il est bien sûr conseillé à ceux qui auraient des troubles sévères de consulter leur médecin comme il est recommandé aux personnes qui ont fait des épisodes dépressifs de demander l'avis de leur médecin et de se faire suivre pendant les premiers mois.
Il est intéressant de savoir que le Docteur Christian PRULIERE (Centre de tabacologie de Ferdinand-Piéchaud, Bordeaux) est en train de réaliser un suivi clinique des symptômes d'arrêt entre les participants des Plan de 5 Jours et les patients du centre utilisant un substitut. Cela fera l'objet de son mémoire pour son DIU de tabacologie. Nous verrons ainsi la pertinence (ou non) des conseils du Plan de 5 Jour dans ce domaine.
Par son hygiène alimentaire, le Plan de 5 Jours facilite l'élimination de la nicotine (principal facteur de dépendance) et de ses métabolites . Il serait donc curieux d'en rajouter par une autre voie.
- le Plan de 5 Jour n'est pas une approche médicalisée, même si l'un des animateurs peut être un médecin. C'est pourquoi aussi nous ne parlons pas des fumeurs comme "patients". Nous ne défendons pas le fait que le comportement de fumer s'associe à une maladie.
Concernant les résultats à long terme, de nombreuses études existent, très souvent sans validation biologique (voir le livre cité par Rober MOLIMART, avec une médiane à 27 % &emdash;mais ce sont les Plans de 5 Jours réalisés essentiellement aux Etat-Unis&emdash; et une dizaine en France ou Belgique &emdash;souvent lors de thèses). Il manque en effet une évaluation randomisée qui est en cours et dont le protocole a été arrêté par les Professeurs Hélène SANCHO-GARNIER et Raymond ROMAND. Nous aurons donc des résultats plus fiables dans un peu plus d'un an et qui concerneront le Plan de 5 Jours tel qu'il est réalisé en France où une homogénéité existe (animateurs formés par la Ligue Vie et Santé). Il va sans dire que certaines pratiques américaines dont il faudait apprécier le contexte (comme la présentation de pièces anatomiques fraîches de cancers du poumon, rapportée par Robert MOLIMARD) n'a jamais été faite en France (heureusement !).
Pour en savoir davantage sur la méthodologie du Plan de 5 Jours, vous pouvez consulter la page concernant ce programme sur le site de la Ligue Vie et Santé : www.chez.com/lvsnet
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