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Tous les spécialistes de la question s'accordent à dire que la consommation de tabac est à l'origine d'un désastre sanitaire sans égal. On la rend actuellement responsable du décès prématuré d'environ 60 000 fumeurs par an, en France. Le tabagisme est aussi associé à bon nombre de pathologies (la moitié des 2,5 millions de cas de bronchite chronique répertoriés dans l'hexagone, par exemple) et de diminutions des capacités physiques (accélération du vieillissement cutané, réduction de la densité osseuse, etc.). Les non-fumeurs font également les frais de cette habitude pernicieuse. De récentes études ont en effet montré que les séquelles du tabagisme passif pouvaient être graves, tant chez les embryons (naissances prématurées, malformations, décès...) que chez les enfants (augmentation de la fréquence des infections des voies aériennes, diminution des capacités ventilatoires...) ou les adultes (risques de cancers multipliés par 2 ou 3). Tout cela n'est pas sans effet en termes de coût social. Celui-ci est estimé à 45 milliards de francs pour la Sécurité Sociale. A ce chiffre, il faudrait ajouter les pertes, difficiles à évaluer, qu'occasionnent l'absentéisme au travail et les décès prématurés. De nombreuses actions ont d'ores et déjà été menées afin d'enrayer les conséquences déplorables du tabagisme. Des campagnes d'information destinées au public le plus large sont organisées chaque année, et rares sont aujourd'hui les personnes qui peuvent prétendre ne rien savoir des méfaits du tabac. Evoquons également les stratégies développées récemment sur le plan législatif, de la loi Veil en 1976 à la loi Evin en 1991 et celle de 1993 interdisant de fumer dans des lieux publics, et sur le plan économique (augmentation du prix du tabac). Les résultats de telles initiatives sont plutôt encourageants, quoique mitigés. On observe en effet, depuis 1991, une diminution de la quantité de tabac vendue en France chaque année, ainsi qu'une réduction de la proportion des hommes qui fument (46 % en 1980; 38 % en 1991; 35 % en 1996). En revanche, le taux de fumeuses chez les femmes augmente régulièrement depuis une quinzaine d'années, passant de 17 % en 1980 à 21 % en 1996. Mais ce bilan s'avère nettement insuffisant au regard des prévisions inquiétantes concernant la mortalité liée au tabagisme puisqu'on attend, si l'on se fie aux tendances actuelles de consommation, 160 000 décès dus à ce fléau en 2025.
Parmi les jeunes de 12 à 19 ans, on dénombre 28,8 % de fumeurs. 5,2 % consomment du tabac de façon occasionnelle et 23,6 % de façon régulière. On constate que ces chiffres ne varient pas de façon significative entre les sexes, mais progressent beaucoup avec l'âge pour atteindre 50 % de fumeurs à 19 ans. Si la part des jeunes qui fument a nettement diminué depuis le début des années quatre-vingt et a tendance aujourd'hui à se stabiliser, les adolescents restent la cible privilégiée des cigarettiers. Leur aspiration à une plus grande indépendance ainsi que les nombreux bouleversements liés à la puberté en font des candidats idéals à l'initiation tabagique.
L'âge moyen d'initiation à l'usage de la cigarette étant de quatorze ans, il est clair que l'essentiel de l'effort de prévention doit porter sur une population d'enfants plus jeunes qui n'ont pas encore été confrontés directement au problème du tabac. C'est donc l'ensemble des pré-adolescents qui doit être visé en priorité par les campagnes de sensibilisation aux dangers du tabagisme. « L'objectif de 20 % maximum de fumeurs parmi la tranche des 12-18 ans en l'an 2000 proposé par le HCSP (Haut Comité de la Santé Publique) en 1994 semble difficile à atteindre et nécessitera une volonté politique forte ainsi que l'instauration de stratégies de prévention nouvelles.» Beaucoup s'accordent en effet pour constater le caractère limité des méthodes traditionnelles de prévention auprès d'un public jeune. Les conférences et autres animations de groupe n'ayant pas toujours conduit au résultat escompté, la nécessité d'une action d'un type nouveau, s'adressant à l'enfant de façon claire et directe, s'impose d'elle-même.
Le problème du tabagisme des jeunes a toujours été au coeur des préoccupations de la Ligue Vie et Santé. Cette dernière intervient fréquemment auprès d'enfants, plus particulièrement en milieu scolaire, par le biais de réunions d'information. C'est à travers chacune de ces interventions que les lacunes des différentes approches alors en cours sont clairement apparues. Ainsi est née l'idée de faire appel à un spectacle de marionnettes baptisé « Joe la Clope » pour s'adresser aux pré-adolescents dans un langage qui leur est proche. Ce programme qui met en scène deux enfants confrontés à l'ignoble mais séduisant Joe la Clope, permet d'aborder un sujet grave de façon attrayante et ludique. Il est également cadencé par de nombreuses chansons qui le rendent plus vivant et lui confèrent un caractère interactif, les spectateurs ayant ainsi l'occasion de chanter avec les marionnettes. Une animation dynamique est prévue pour faire suite au spectacle afin de préciser les notions qui y sont abordées.
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La
réalité du tabagisme
