EVALUATION  DE  JOE  LA  CLOPE à 2 ans et demi :

Un tiers de fumeurs quotidiens en moins

Pour tout projet de prévention se pose le problème de son efficacité, de son impact auprès du public visé. La Ligue Vie et Santé a donc à coeur que soit réalisée une évaluation fiable de son programme « Joe La Clope », et notamment du spectacle de marionnettes proprement dit.

 

Introduction

C’est à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai 1996 que la Ligue Vie et Santé présenta pour la première fois, sous le parrainage du Haut Comité de la Santé Publique et avec le soutien du ministre de l’éducation nationale, le programme JOE LA CLOPE.

Ce programme de prévention tabagique (rendre capable l’enfant de se situer face à la cigarette) pour les pré-adolescents s’articule autour d’un spectacle de marionnettes (durée : 25 minutes), suivi d’une animation interactive (environ une heure). Un guide pédagogique est ensuite remis aux éducateurs pour continuer l’action.

Au regard de l’enthousiasme rencontré tant par les enfants que par les professionnels, il était intéressant de faire le point quant à son impact à moyen terme, sachant que des études récentes [1] ont démontré des effets paradoxaux pour certains programmes de prévention (prévalence accrue du tabagisme pour les jeunes ayant été exposés à l’intervention).

 

Caractéristiques de Joe la Clope

Joe la Clope utilise l’univers de l’enfant à travers le spectacle de marionnettes (le jeu, la fantaisie, le merveilleux, l’imaginaire).

Le programme met l’accent sur les facteurs sociaux qui influencent l’initiation au tabagisme, les conséquences à court et long terme et les habiletés à refuser.

Il intervient au moment de la transition de l’école primaire au secondaire (CM, 6e).

Le discours sur les dangers liés au tabagisme est exprimé non par l’adulte, mais par des marionnettes représentant les organes humains, facilitant ainsi un véritable dialogue qui se démarque des interventions où l’adulte est l’émetteur actif et l’enfant un récepteur passif d’un message. Il en découle une meilleure appropriation des données sans culpabilisation, en permettant à l’enfant de penser et réfléchir.

 

 

Les évaluations à court terme

  • Une première enquête (2) sur l’impact à très court terme a pu mettre en évidence que 87,8 % des jeunes interrogés comprennent parfaitement le message du spectacle (297 élèves de 8 à 12 ans).
  • Une enquête réalisée au Centre Scolaire de Moréchon à Savièse (Suisse) [3] a démontré que les parents et les professionnels présents apprécient le spectacle (72 % ont attribué la note de 6 sur une grille allant de 1 à 6, le reste soit 28 % la note de 5) et une unanimité (100 %) pour déclarer que ce programme mériterait d’être renouvelé dans les années à venir. Les parents ont relevé que le caractère exceptionnel du spectacle permettait d’avoir plus d’impact sur les enfants et de marquer leurs souvenirs plus efficacement qu’une émission de télé, une animation simple en classe ou des messages répétés à domicile.
  • Une étude sur l’impact à un an de distance sur les enfants [4] (qui étaient en CM2 lors du spectacle et depuis en 6e) a pu démontrer que le programme avait une influence sur leur vision de ce qu’ils feraient plus tard concernant le tabac :   90,7 % de ceux qui ont vu le spectacle ne sont pas d’accord avec la phrase : « Quand je serai grand, je fumerai certainement » contre 72,5 % pour les enfants n’ayant pas vu le spectacle. 88,1 % rejettent l’idée « Je fumerai peut-être quand je serai grand » contre seulement 71 % pour le groupe témoin.

Ces études montrent bien l’impact positif et à court terme du programme en permettant aux enfants d’envisager plus difficilement une vie où la cigarette aurait sa place. Il était donc important de mesurer si l’exposition à ce programme pouvait avoir un effet sur l’entrée dans le tabagisme quotidien plusieurs années après.

 

 

évaluation à long terme du programme

 

Méthodologie

La présente étude avait comme but de comparer le tabagisme régulier (au moins une cigarette par jour) de deux groupes semblables d’enfants en 3e, l’un ayant bénéficié de Joe la Clope en 6e dans leur établissement, l’autre non. Le choix s’est porté sur le Collège de Joliot-Curie (Collège pilote où une intervention « Joe la Clope » avait été réalisée le 27 avril 2000) et sur le Collège M. Thorez (Collège témoin). Ces deux établissements classés en Zone d’Éducation Prioritaire se trouvent dans la même commune (Stains, 93240), distant de 500 mètres et  avec une population d’élèves venant des mêmes quartiers.

Un questionnaire simple [5] fut distribué dans toutes les classes de 3e le jeudi 3 octobre 2002 par deux personnes extérieures aux établissements pour garantir la même procédure et l’anonymat (l’intervention se situait en début de cours, les questionnaires étaient rendu pliés aux enquêteurs. L’organisation fut établie par les infirmières de chaque établissement [6].

 

 

Répartition par sexe des deux collèges

 

 

Collège pilote « Joe la Clope » (n = 115)

Collège témoin (n = 122)

Garçons

48 %

54,9 %

Filles

52 %

45,1 %

 

On peut noter une proportion plus importante de filles (52 % contre 45,08 %) dans le Collège Joe la Clope (non significatif  pour cette étude, même si l’on sait qu’à cet âge les filles fument plus que les garçons [7]).

 

 

Âge moyen dans les classes de 3e des  deux collèges

 

 

Collège pilote « Joe la Clope »

Collège témoin

Âge moyen

14,7 ans

14,8 ans

 

L’âge des deux groupes est pratiquement identique.

 

 

Proportion des élèves de 3e du collège pilote « Joe la Clope » déclarant avoir vu ou non le spectacle en 6e

 

Élèves déclarant avoir vu le spectacle Joe la Clope

72,2 %

Élèves déclarant n’avoir pas vu le spectacle Joe la Clope

27,8 %

 

On peut noter ici un très bon score de souvenir du programme de la part des élèves (72,2 %) sachant que 8,7 % des élèves ont déclarés qu’ils n’étaient pas dans ce collège en 6e (ce qui ramènerait le taux de souvenir à plus de 79 %, sans compter les absents éventuels le jour du spectacle en 6e ).

 

 

Âge moyen de la première cigarette

 

 

Collège pilote « Joe la Clope »

Collège témoin

Âge moyen de la première cigarette

12 ,8 ans

11,9 ans

 

La différence est d’une petite année (11 mois).

 

 

Élèves déclarant fumer quotidiennement

 

 

Collège pilote « Joe la Clope »

Collège témoin

Élèves déclarant fumer au moins une cigarette par jour

4,3 %

6,5 %

 

On note ici une différence entre les deux groupes de  33,7 % de fumeurs quotidiens en moins pour les élèves du collège qui ont bénéficié du programme Joe la Clope.

 

 

Conclusion

Cette nouvelle étude montre l’intérêt du programme Joe la Clope. En effet, deux ans et demi après l’intervention, les jeunes qui se trouvent dans le collège où Joe la Clope fut programmé expérimentent la cigarette plus tardivement (âge de la première cigarette repoussé de plus de 11 mois) et sont un tiers moins nombreux à fumer quotidiennement.



(1) Réflexion critique sur la prévention du tabagisme en milieu scolaire primaire, Véronique Déry et Lise Renaud, Direction de la santé publique, Montréal (Québec), Canada.

(2) Dossier de presse du programme Joe la Clope, 31 mai 1996, Ligue Vie et Santé.

(3) Par le Centre d’Information pour la Prévention du Tabagisme du Canton du Valais, auprès de 31 adultes, 4 avril 2001.

(4) Evaluation de l’impact du spectacle « Joe la Clope » … à un an, Diplôme inter-universitaire de tabacologie, Université de Paris XI et Paris XII, Anne Lecoquierre-Le Rouge, 2001.

(5) Reprenant les formulations liées au tabac de celui utilisé par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies pour le « Premier bilan sur l’application de la loi Evin en milieu scolaire », 31 mai 2002.

(6) Mesdames Procope et Zatorschi pour le collège « Joe la Clope » et mesdames Antic et Pradalet pour le collège témoin, avec l’accord de leur principal respectif.

(7) À 14 ans, il y avait en France en 1997 : 8,2 % de fumeurs quotidien garçons contre 9,6 % de filles. D’après le baromètre santé jeunes 97/98, CFES.

 

 

 

 

 

Première enquête sur l'efficacité immédiate du programme « Joe La Clope »

Une première enquête sur l'impact à court terme du programme « Joe La Clope » a été menée par l'équipe de la Ligue Vie et Santé. Elle a porté sur un ensemble de 297 élèves âgés de 8 à 12 ans (13 classes différentes) auxquels a été distribué un questionnaire sur le contenu du spectacle de marionnettes qu'ils venaient juste de voir. Les enfants devaient dire ce qui les avait le plus marqués.

Si cette "étude" n'a pas de réel caractère scientifique, elle permet néanmoins un certain nombre d'observations intéressantes :

87,8 % des élèves interrogés comprennent parfaitement le message du spectacle. 92,5 % d'entre eux parviennent à donner au moins une information sur le coeur ; 83,7 % sur les poumons ; 96,2 % sur les dents ; et 41,9 % sur l'ensemble du corps.

80,8 % des enfants ayant rempli un questionnaire s'identifient à un personnage du spectacle. 60,6 % au coeur, appelé La Pompe, pour les raisons suivantes : « Le coeur c'est tout pour moi », « Le coeur est juste, il dit la vérité sur Joe La Clope », ou encore « J'aimerais faire vivre quelqu'un en battant ».D'autres personnages, comme Marie, offrent des possibilités d'identification très fortes : « J'aimerais être Marie pour toujours être en forme et avoir une bonne santé car Marie ne fumera pas. », « ...parce qu'elle comprend vite et à mon avis elle respectera tous les conseils ».

Il est aussi très important de souligner que les enfants n'ont aucun mal à faire le lien entre le spectacle et la réalité : « J'aime mon coeur car il me fait vivre », « Il représente notre coeur et le coeur de tout le monde », « C'est grâce à lui que l'on vit ».

 

Evaluation scientifique du programme « Joe La Clope »

Il convient ici de signaler qu'une évaluation rigoureuse du programme « Joe La Clope » est envisagée, en collaboration avec Mr le professeur Bertrand DAUTZENBERG, Président de l'association "Paris sans tabac" et Secrétaire Général de l'Office Français de la Prévention du Tabagisme.

 

Evaluation du spectacle auprès des parents et des professionnels

Enquête réalisée au Centre Scolaire de Moréchon à Savièse (Suisse) le 4 avril 2001 (Directeur des écoles : Monsieur FARQUET) par le Centre d'Information pour la Prévention du Tabagisme du Canton du Valais (Président : Dr S. VARONIER, Médecin responsable : Dr Arlette CLOSUIT). Bilan effectué auprès des parents et des professionnels de l'Éducation et de la Prévention (31 questionnaires remplis)

 

(des notes de 1 à 6 ont été données à chacun des points ci-dessous, 6 étant la meilleure appréciation)

 

1. Avez-vous apprécié le spectacle de marionnettes proposé aux enfants ?

5 = 28 %6 = 72 %

Pourquoi ?

Car le message est clair, simple, adapté à leur âge et présenté sous une forme ludique très attrayante ; les enfants ont d'ailleurs été très attentifs. Il n'y avait pas de connotation moralisatrice ou culpabilisante.

L'équilibre entre les textes parlés, les chants, les scènes d'action et l'humour était bon.

Le parallèle avec la voiture a paru simple et approprié.

Seule critique : la diction de certaines marionnettes était parfois limite pour la bonne compréhension, surtout pendant les chants.

 

2. Pensez-vous que ce type de programme soit un bon moyen de prévention ?

4 = 6 %5 = 33 %6 = 61 %

 

3. Si vous avez suivi l'animation interactive réalisée par les enfants, l'avez-vous appréciée ?

5 personnes ont assisté à la discussion interactive dirigée par les trois animateurs. A dessein, les parents n'y ont pas été directement conviés afin que les enfants se sentent libres de s'exprimer.

5 = 80 %6 = 20 %

 

4. L'information délivrée aux enfants est-elle claire et facile à comprendre ?

4 = 13 %5 = 32 %6 = 55 %

Seule remarque déjà énoncée ci-dessus : le texte des chansons n'est pas toujours bien audible.

 

5. Est-ce que ce spectacle touche suffisamment certains aspects concernant les capacités globales des enfants, telles que celle à faire des choix judidieux, à résister à la pression du groupe ?

3 = 9 %4 = 29 %5 = 39 %6 = 23 %

Les marionnettes travaillent surtout sur la capacité des enfants à faire des choix judicieux et à résister à la cigarette présentée comme charmeuse, insidieuse, mais également fausse. L'affirmation de soi est mise en avant. Il manque toutefois une réflexion, un encouragement à oser dire non au copain, à résister à la pression du groupe.

Ce thème peut toutefois être repris dans la discussion interactive avec les enfants, ou lors des cours, en faisant des jeux de rôle. La possibilité est offerte d'en débattre avec les parents après le spectacle, en rappelant l'importance des messages oraux ou para-verbaux qu'ils délivrent aux enfants et qui contribuent à développer leur estime d'eux-mêmes, et par conséquent leur capacité à résister aux pressions extérieures de toutes sortes.

 

6. Pensez-vous que ce programme mériterait d'être renouvelé dans les années à venir ?

oui = 100 %

Les parents ont beaucoup insisté sur l'importance de délivrer des messages répétés pour que les enfants les intègrent petit à petit, ainsi que l'intérêt de commencer une prévention avant qu'ils ne soient confrontés directement au tabac. Un tel spectacle pourrait tout à fait être repris auprès des futures classes de jeunes de 9 à 11 ans, voire s'adresser à ceux de 8 ans. Ils ont estimé que c'est un soutien important par rapport à leur éducation qui se doit d'être également sans relâche.

 

7. Autres remarques

Les parents ont relevé que le caractère exceptionnel de ce spectacle permettait d'avoir plus d'impact et de marquer leurs souvenirs plus efficacement qu'une émission de télé, qu'une animation simple en classe ou que des messages répétés à domicile.

Ils ont tout particulièrement relevé l'importance d'aider l'enfant à développer une bonne estime de lui-même, de lui faire connaître les effets du tabac (la dépendance qu'il entraîne surtout !), afin qu'il puisse faire des choix judicieux et les respecter en étant capable de résister face à la pression de la publicité, mais surtout du copain et du groupe.

Ils trouvaient la discussion interactive avec les enfants importante également afin de désangoisser éventuellement les enfants ayant des parents fumeurs.

Beaucoup de parents ont simplement marqué : « Merci pour ce spectacle et pour nos enfants ! »

Une remarque : les chants pourraient être modernisés.

(A la suite de cette étude, des modifications vont être apportées pour moderniser les chants et rendre leurs paroles plus audibles)

Ces évaluations se sont réalisé avec le spectacle en "live" avec la troupe de la Ligue Vie et Santé.

 

 

 

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